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Du cochon à toutes les sauces

Tout est bon dans le cochon ? A Bandjoun, on le pense aussi. Même si ici, on flambe ses poils quand on veut nettoyer sa chair, même si la charcuterie n’existe pas (encore), même si on ne tanne pas (encore) sa peau pour en faire du cuir. La peau du cochon, sa chair et ses boyaux finissent bel et bien dans l’estomac.

Le cochon est la viande privilégiée des cérémonies à Bandjoun. Il est l’invité d’honneur des tables des funérailles, des réunions familiales, des cérémonies de dot… Il ne se passe pas une minute sans qu’un porc soit abattu. Que ce soit dans l’unique abattoir du département du Koung-Khi ou dans l’informel comme c’est essentiellement le cas. Ici, les habitudes traditionnelles ont du mal à évoluer. Chacun peut abattre son porc dans un coin de sa cour. Toute l’année, au gré des besoins qui sont souvent purement alimentaires mais surtout festifs, la bête passe à l’abattoir. L’abattage du porc prend un rythme soutenu au début de la saison sèche et atteint son pic en février-mars. La saison sèche, grâce à la clémence du temps, est la période de prédilection des grandes cérémonies dans la région de l’Ouest. Notamment les funérailles. Dans les grandes concessions, on peut dénombrer, à ces occasions, jusqu’à 1000 convives, autant de bouches qui auront à déguster, entre autres, cette précieuse viande. En méchouis, en bouillon, en grillade, à l’étouffée, etc., la viande de porc est notre patate russe. On la mange à toutes les sauces.

Toute l’année, ici et là, on mange du cochon. Notamment à Tobe (quartier carrefour de Bandjoun, jonction des nationales 3 & 5 desservant Douala, Yaoundé, Bafoussam-Bamenda). Depuis une trentaine d’années, Tobe est devenu la principale destination où l’on déguste le cochon. De jour comme de nuit, touristes, riverains, passants, etc. se bousculent dans ce lieu devenu culte pour déguster du cochon. Ici, de jeunes gens, ont installé de grands barbecues pour accueillir leurs clients. Spontanément, ils vous offrent à goûter leur cuisine. Le cochon dans toutes les formes : à la braise, au bouillon, avec pour complément sa fidèle compagne la banane plantain. Un peu de piment et un peu d’oignon complètent le service. L’entrée du week-end et tout le week-end, l’affluence y est à donner le tournis. Mais les cordons bleus de Tobe sont des gens aguerris.

La demande déterminant l’offre, c’est ainsi que partout à Bandjoun, chaque adulte, ou presque, a son élevage porcin, qui va du petit enclos à une grande ferme, dépendamment des moyens et des ambitions.

Le porc de Bandjoun ne satisfait pas uniquement les plaisirs gustatifs des locaux et touristes, mais également et surtout ces des habitants de Douala et Yaoundé. En effet, c’est à Bandjoun que les «braiseurs de porcs» vont d’approvisionner en porcs. Leurs chambres froides sont achalandées de cochons made in Bandjoun.

 

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